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Interview de Manel HAMMADI cheffe de projet « Sahim » : ‘’ Nous espérons voir tous les participants aux formations attestés en tant que thérapeutes TCC’’

Formation aux TCC

Manel HAMMADI est psychologue clinicienne, à la SARP et cheffe du projet « Sahim ». Elle nous présente dans cet entretien, le projet « Sahim » cofinancé par le Projet « Joussour au service des ODD » dans le cadre du Fonds d’Appui aux Coopérations de Territoire(s) à Territoire(s).

Manel a intégré l’association SARP pour l’Aide, la Recherche et le Perfectionnement en Psychologie en 2016 en tant que bénévole, puis a évolué jusqu’à devenir responsable du centre de perfectionnement de l’association.

Joussour : Parlez-nous de l’association SARP et de son centre de perfectionnement

La SARP est une association créée en 1989 dont le siège principal est à Dély Ibrahim, à Alger. La SARP regroupe trois centres : le centre de prévention et de prise en charge psychologique, le centre de recherche et de documentation et le centre de perfectionnement et de formation. Il existe également une annexe à Sidi Moussa, qui est un centre d’aide psychosociale. L’association a donné, depuis sa création, une importance à l’aspect formatif, d’où la mise en place d’un centre de perfectionnement. Ce dernier a pour objectif de former et d’outiller les professionnels de la santé mentale, notamment les psychologues, les orthophonistes et les psychiatres. Nous proposons des formations de courtes et de longues durées, des journées d’études, des conférences et des colloques pour les psychologues cliniciens, les psychologues orthophonistes, les psychiatres et les pédopsychiatres.

Joussour : Comment est né le projet « Sahim » et à quels objectifs répond-t-il ?

Le projet « Sahim » se déroule essentiellement à Oran, dans l’Ouest de l’Algérie. Il est né grâce à la demande d’une de nos partenaires, qui est professeure en psychiatrie et qui dirige le centre de prévention et de lutte contre la toxicomanie à l’hôpital psychiatrique de Sidi Chahmi à Oran. Il faut savoir que la SARP avait l’habitude d’organiser des formations en techniques de thérapie cognitivo- comportementales depuis 2012 et que toutes ces sessions se sont déroulées à Alger. Cette année, nous avons profité de l’Appel à projet lancé par le Projet « Joussour au service des ODD » et de la sollicitation de l’hôpital de Sidi Chahmi pour délocaliser nos activités et élargir notre champ d’intervention. Notre projet est réfléchi dans la perspective de répondre au manque de professionnels formés dans la thérapie, dans l’Ouest du pays. La crise sanitaire et les feux de forêts y sont, eux aussi, pour quelque chose. Il faut savoir que nous sommes de plus en plus sollicités par la population pour une prise en charge thérapeutique. Pour résumer, l’objectif du projet est de former les professionnels de la santé mentale, psychiatres et psychologues dans les thérapies cognitivo- comportementales, communément appelées les TCC.

Joussour : Pouvez-vous nous parler brièvement des activités déjà réalisées dans le cadre du Projet ?

Le cycle de formation a été entamé dès le mois de septembre dernier. Nous avons pu organiser, jusqu’à ce jour, trois sessions au profit d’un groupe de trente-six psychologues et psychiatres. La durée de chaque session est de cinq jours. Le nombre total des sessions est, quant à lui, fixé à huit.

Les trois premières sessions ont été assurées par des formateurs travaillant avec l’association CompaSS France avec laquelle nous travaillons depuis une dizaine d’années et qui est, l’un de nos partenaires sur ce projet. Ces sessions se déroulent en présentiel au sein du centre de prévention et de lutte contre la toxicomanie de Sidi Chahmi. Elles sont destinées au même groupe car elles sont scindées en modules complémentaires. Les personnes formées recevront à la fin du processus des attestations certifiant leur aptitude à travailler en tant que thérapeutes TCC.

Joussour : Et les activités à venir ?

Nous avons encore cinq sessions de formation en TCC à mettre en place ainsi qu’une supervision finale pour clôturer le cycle et superviser la pratique des bénéficiaires. Nous avons aussi prévu une formation de formateurs algériens et une formation pour trois superviseurs algériens. Ces derniers seront formés au travail de supervision qui permettra de suivre, d’avoir un œil et de veiller sur le travail des psychologues et du personnel formés en TCC.

Joussour : Comment travaillez-vous entre partenaires du Projet ?

Avec nos partenaires, le contact est permanent que ce soit par réunions, échanges téléphoniques, courriers …etc. l’association CompaSS France nous aide à sélectionner les formateurs et les superviseurs des formations TCC. Le centre de prévention et de lutte contre la toxicomanie de Sidi Chahmi nous fournit les locaux pour tenir les formations et assure les aspects logistiques sur place afin d’instaurer un climat favorable à la tenue des activités. La SARP, quant à elle, assure la coordination générale des activités et le lien entre toutes les parties prenantes. Elle est également le vis-à-vis du bailleur et le premier garant du projet. C’est de sa responsabilité d’établir les rapports des activités, d’identifier les bénéficiaires, de régler les honoraires des prestataires et de rendre des comptes.

Joussour : Quels sont les effets escomptés à travers le projet ?

En premier lieu, nous voudrions mener ce projet et le concrétiser dans les meilleures conditions possibles et réaliser les objectifs tracés. Nous espérons voir tous les participants aux formations attestés en tant que thérapeutes TCC. Ceci contribuera sans doute à l’amélioration de la prise en charge des personnes en détresse psychologique dans l’Oranie. Un psychologue ou un psychiatre formé dans ces pratiques saisit mieux les difficultés de ses patients. Il est, par conséquent, mieux outillé pour prendre en charge les cas qui se présentent à lui. L’intervention est plus pertinente ou plus efficace. Nous souhaitons également voir nos bénéficiaires travailler dans le futur comme formateurs en TCC pour répandre cette pratique et assurer sa durabilité.

« Sahim » est le premier projet en Algérie à intégrer la formation des superviseurs et nous estimons que cela apportera une plus-value aux pratiques de prise en charge psychologique. Ce travail en réseau permettra l’émergence de projets similaires dans l’ensemble du pays.

Joussour : Comment votre projet contribue-t-il aux ODD ?

Le projet permettra de former des psychothérapeutes TCC, de repérer ceux qui ont les compétences pédagogiques afin de les initier à la formation des formateurs en TCC et de former 03 superviseurs algériens dans ce domaine.

Il s’inscrit dans l’ODD 03 : Bonne santé et bien-être. Il permettra la prise en charge psychologique des personnes fragiles et en détresse. Il favorisera leur bien-être et renforcera leurs compétences personnelles. 

Joussour : Un dernier mot pour l’ensemble des travailleurs de la santé et pour nos lecteurs ?

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour cette interview et pour la confiance que vous avez toujours eu à l’égard de la SARP. Pour les professionnels de la santé, je leur souhaite énormément de courage dans le travail qu’ils accomplissent. Vous savez que ce n’est pas facile de traiter les cas de détresse. Cela laisse parfois des séquelles desquelles il faut se protéger par les formations et le savoir-faire nécessaires. Les portes de notre association sont et resteront toujours ouvertes pour ceux et celles qui voudraient faire partie de notre famille.

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