Acceuil / Actualités / Enquête Covid-19 : interview de Ghislain Bregeot, directeur de l’IFAID-Institut de Formation et Appui aux Initiatives de Développement (IFAID) Bordeaux / France

Enquête Covid-19 : interview de Ghislain Bregeot, directeur de l’IFAID-Institut de Formation et Appui aux Initiatives de Développement (IFAID) Bordeaux / France

IFAID Aquitaine est une association loi 1901 créée en 1986. Dédié à la formation professionnelle, l’institut propose des formations portant sur la gestion de projets de solidarité internationale et locale qui s’appuient sur les autres activités d’IFAID Aquitaine :

  • L’Economie Sociale et Solidaire à travers le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) que nous portons en Gironde,
  • Des projets avec des partenaires européens avec le soutien de l’Agence Eramus +
  • L’accompagnement des acteurs locaux de solidarité internationale dans leur dynamique de volontariat.

1. Comment avez-vous vécu à titre personnel la pandémie de la Covid-19 en Algérie/France ?

Au début de la pandémie comme tout le monde je crois, j’étais stressé et inquiet pour ma famille et de mon entourage surtout les personnes âgées, mais étant scientifique de formation, (N.D.L.R agronome), j’ai vite fait le tri des informations qui nous parvenaient. Nous étions orientés et informés par un professeur de médecine, membre du bureau de l’IFAID qui avait, dès le début de pandémie, tenu un point d’information et d’orientation sur la pandémie de la Covid-19.

De par mes lectures et mes connaissances en biologie, j’ai trouvé pertinent de comparer cette pandémie aux pandémies précédentes pour mieux l’appréhender. 

Avec cette crise également, j’ai été sensibilisé au traitement de l’information, fake news et théories du complot et je crois à l’importance et à la nécessité de généraliser l’éducation aux médias pour les plus jeunes et pour tous.

2. Comment votre équipe a fait face à la pandémie de la Covid-19 ? (Gestion de l’équipe a distance et changement des ressources)

Nous avons, dès l’annonce des mesures gouvernementale, pris la décision de mettre l’ensemble des salariés en télétravail. En parallèle, nous avons entamé sur le tas une formation à la formation en ligne et à distance via une plateforme en ligne. Grâce à cette formation, l’ensemble des consultants et intervenants ont pu proposer des cours de manière continue et régulière. Nous avons également veillé à vérifier que l’ensemble de nos intervenants et étudiants, possédaient un ordinateur ainsi qu’une connexion internet. Cette expérience s’est très bien passée et nous comptons développer dans le futur cette plateforme pédagogique pour donner des cours en ligne et offrir un accès aux outils pédagogiques partout et à tout moment. Nous comptons aussi installer une plateforme pour diffuser des cours en ligne dans nos locaux et ce dès cette rentrée. 

Nous avons également des volontaires engagés un peu partout dans le monde (Madagascar, Comores, Inde, Vietnam, Bénin, Sénégal, Maroc, Cameroun, Mexique) et nous avons eu à gérer le rapatriement de certains volontaires vers le territoire français. Nous avons dans cette optique co-construit, avec les partenaires régionaux et le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, le retour des volontaires sur le territoire français. Nous nous sommes vite heurtés à des difficultés administratives et d’interdiction de vols pour les ressortissants français, mais avec discernement et diplomatie nous avons réussi à rapatrier l’ensemble des volontaires souhaitant rentrer. Nous avons aussi veillé, en lien étroit avec les autres organismes d’envoi de volontaires et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, à ce que les volontaires perçoivent leurs indemnités après leur retour pour 3 mois.

3. Quelle situation (crise) similaire avez-vous eu à gérer dans votre région ou pays (tremblement de terre, inondation, attaque terroriste) ? Quelle est la différence par apport à la crise sanitaire que nous avons vécue ?

Nous avons eu à gérer des crises à distance via nos volontaires. Je pense à cette volontaire qui devait faire un volontariat international en Haïti mais que nous avons réorienté vers le Bénin en raison de troubles politiques en Haïti. Nous avons également organisé, après les attentats en France, des groupes de paroles et des décryptages de l’actualité et des retours sur images. Nous avons abordé les questions sur le terrorisme dans ses particularités régionales et religieuses car nous estimons qu’il est important pour nos étudiants de comprendre les sujets dans leur complexité, pour mieux appréhender le monde à la sortie de l’institut et répondre au mieux aux besoins de leurs projets dans leurs associations, ONG ou organismes futurs.

La crise sanitaire que nous vivons est mondiale et d’origine naturelle. Elle est survenue après le mouvement des gilets jaunes, elle a mis à plat et démontré clairement les limites de nos hôpitaux et de la portée des réactions de nos gouvernements locaux ou régionaux face à la crise. Il est étonnant de voir aujourd’hui des plans de relance conséquents être débloqués pour maintenir le pays à flot alors que les gilets jaunes se battent pour la même relance à l’échelle d’une usine ou d’une région rurale qui dépérit. Les médias, l’information, l’urgence fait réagir les politiques et agit sur la prise de mesures mais, en somme, ces mesures sont surtout une réponse à une crise et hélas jamais pérennes dans le temps.  

4. Comment jugez-vous votre réactivité face à la crise sanitaire ? En quoi cette expérience va-t-elle changer votre manière d’appréhender le futur ?

On a réagi assez vite et on a mis un point d’orgue à maintenir la continuité pédagogique de notre formation ainsi que nos autres activités (accompagnement des associations girondines, via le Dispositif local d’accompagnement et le suivi des volontaires rapatriés ou restés sur le terrain).

Il est clair que la crise sanitaire aura un impact sur notre formation que ce soit en termes de gestion de crise et de communication avec les partenaires mais aussi et surtout dans la protection de soi et des autres faces au risque sanitaire et médical. Nous transmettons à nos étudiants une formation qui place les valeurs du partage, l’interculturalité et l’échange au centre de tout. Avec cette crise, ces valeurs sont renforcées et des approches plus inclusives peuvent être envisagées. Quand on est chef de projet dans la solidarité internationale ou locale, il est important de conjuguer avec la réalité pour et au service des autres.     

5. Dites m’en plus sur les activités que vous avez menées pendant la pandémie de la covid-19 

Nous avons donc en résumé assuré la continuité pédagogique de notre formation, nous avons également maintenu et adapté nos DLA pour les associations et nos partenaires et enfin nous avons assuré un rapatriement et un suivi des volontaires de l’étranger.  

6. Comment auriez-vous voulu que Joussour réagisse à cette pandémie ?

Je ne pense pas à Joussour en premier en cas de crise, mais je vois que beaucoup des membres du programme ont transformé cette crise en opportunité pour développer des réseaux et consolider ceux déjà existants.

Je pense au futur de Joussour, et je le pense comme un nouveau pont… ou le même pont plus solide pour rassemble la société civile française et algérienne, nos deux pays font un travail de mémoire et il se doit de penser à un avenir commun. Je pense à la force du couple franco-allemand et j’aimerai le voir entre la France et l’Algérie, comme moteur de la coopération sud-nord, Joussour peut-être une première pierre. A nous de bâtir la suite.        

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