L’association WAFA est une association de parents d’enfants en difficultés mentales. Création et gestion d’un centre de prise en charge pour enfants et adolescents.
1. Comment avez-vous vécu à titre personnel la pandémie de la Covid-19 en Algérie ?
Il faut que je sois sincère, c’est vrai que cette pandémie est une catastrophe, un virus qui a bouleversé toute la planète. Mais pour moi c’est un moment de répit, j’ai aimé cette rencontre familiale et ces retrouvailles car en tant que présidente d’association je ne prenais pas de congés. Pendant ces 05 mois j’ai pu me consacrer à mes enfants et à Lokman particulièrement. Cette situation m’a donné l’occasion de réfléchir un peu plus à ma vie familiale. Le travail ne peut pas toujours être une priorité.
Mais d’un autre côté il y a les parents des enfants autistes sévères et hyperactifs qui n’arrêtent pas d’appeler car la situation de leurs enfants s’est dégradée, avant ils respiraient un peu en les envoyant au centre, à présent tout repose sur leurs épaules. C’était déjà assez difficile avant.
Les familles d’enfants autistes sont les grands oubliés de cette crise, Beaucoup de stress, de fatigue physique et morale, cette période de confinement est une épreuve de plus pour les mamans dans un quotidien déjà pénible.
2. Comment votre équipe a fait face à la pandémie de la Covid-19 ? (Gestion de l’équipe a distance et changement des ressources) :
Avec le confinement nous étions contraints d’abandonner les séances de prise en charge et de travailler à distance avec les parents par téléphone ou internet. Notre équipe a travaillé dur pour animer des séances de guidance parentale à distance pour répondre à la demande des familles. Nous étions connectés entre nous et nous avons continué à travailler à distance. Mais les enfants étaient pénalisés, du fait de la suspension de la prise en charge par crainte de contamination, cela a entrainé une dégradation de leur comportement. La fermeture du centre a perturbé la vie familiale et donné le sentiment aux parents d’être livrés à eux-mêmes.
3. Quelle situation (crise) similaire avez-vous eu à gérer dans votre région ou pays (tremblement de terre, inondation, attaque terroriste) ? Quelle est la différence par apport à la crise sanitaire que nous avons vécue ?
C’est vrai qu’on est passé par le terrorisme, il y a eu également un tremblement de terre en 1985 à Constantine mais nous n’étions pas obligés de nous enfermer chez nous. On a peur d’un petit virus invisible que l’on peut attraper n’importe où et à n’importe quel moment.
Il n’y a pas eu de situation similaire. Tout est interdit : mariages, voyages, pèlerinage, baptêmes, sorties en plein air, mosquée, visite familiale et même l’organisation d’un enterrement. Nous n’avons jamais vécu une situation aussi pénible. J’espère qu’on saura tirer les enseignements de cette crise.
4. Comment jugez-vous votre réactivité face à la crise sanitaire ? En quoi cette expérience va-t-elle changer votre manière d’appréhender le futur ?
Cette crise nous a appris de travailler à distance et par télétravail. Nous avons appris à nous concentrer sur l’essentiel, à consacrer plus de temps pour notre foyer, nos enfants, nos proches parents. Je pense que dans le futur nous devons donner plus d’importance au télétravail, le travail peut se faire en télétravail et dans le centre. Nous sommes toujours en plein crise, il est difficile d’imaginer ce qui va changer. Une chose est certaine nous avons appris la tolérance, la patience, l’empathie, la combativité et la solidarité.
5. Dites-moi plus sur les activités que vous avez menées pendant la pandémie de la covid-19
Les parents d’enfants autistes sont restés en contact avec les psychologues et orthophonistes du centre et en cas d’urgence, des rencontres avec les parents étaient programmées soit au centre soit via des entretiens téléphoniques. Nous avons maintenu le contact avec les adhérents et bénévoles mais l’arrêt des activités était imposé par la situation.
6. Comment auriez-vous voulu que Joussour réagisse à cette pandémie ?
Les membres de La cellule exécutive ont poursuivi le travail d’accompagnement et de communication à distance. Il n’y a pas eu de rupture entre Joussour et les membres. Le programme aurait peut-être pu débloquer un fond de secours ou d’urgence pour financer quelques actions dans les wilayas les plus touchées par la pandémie comme : Blida, Alger, Sétif… Encourager des actions collectives par les associations membres de Joussour et cela pour plus de visibilité du programme.