L’association Femmes En Communication (FEC) est l’une des associations bénéficiaires du Fonds d’Appui aux Coopération(s) de Territoire(s) à Territoire(s) (FACOTT) lancé par Joussour. Son projet « Hayat » vise, à travers une série d’activités, à interpeller et sensibiliser l’opinion publique sur le phénomène de l’immigration clandestine qui s’étend désormais aux jeunes femmes. Un phénomène qui, en plus d’être une expérience périlleuse pour ces jeunes femmes qui ont choisi la mer, a un impact incommensurable sur leurs familles.
Madame Radia BOUDISSA, responsable des projets au sein de l’association FEC, nous parle, des objectifs de l’association en général et du projet Hayat en particulier.
Q : Parlez-nous de l’association FEC, ses objectifs, son historique et son parcours ?
L’association Nationale Femmes en Communication (FEC), a été créée en mars 1995, est agréée par le ministère de l’Intérieur sous le numéro trente en mai de la même année en tant qu’association nationale avec quatre bureaux régionaux et un bureau exécutif au siège d’Alger.
FEC vise à susciter le débat sur la condition féminine et l’égalité en renforçant la communication et la diffusion de l’information auprès des élites et des ONG féminines.
Elle tente également de contribuer, par la production et la circulation d’informations, à l’entretien du débat sur les droits des femmes afin de positionner dans la société la revendication égalitaire comme fondement incontournable du processus démocratique. Capitaliser et valoriser les éléments du débat pour leur mise en consultation sur tout support médiatique et en particulier Internet. Constituer, à partir de la structuration du débat, une force de proposition apte à faire de FEC une interface crédible vis-à-vis des pouvoirs publics, des institutions concernées et des médias.
Q : Comment vous est venue l’idée du projet « Hayat » ?
Hayat signifie la vie, c’est aussi le prénom d’une jeune fille, qui est morte noyée en Méditerranée en tentant d’accéder aux côtes européennes clandestinement dans un de ces bateaux de la mort (HARRAGA).
Ces derniers temps, le phénomène de la « Harraga » s’est étendu aux jeunes femmes algériennes et tend à augmenter. Les corps des jeunes femmes algériennes retrouvées flottant en mer ont provoqué une onde de choc dans la société algérienne, qui n’est pas en mesure, jusqu’à présent, d’assimiler ses causes.
Des femmes avec leurs enfants, dont l’âge varie de 16 à 40 ans, sont tentés par l’aventure, et sont issues de différentes classes sociales.
Le phénomène de la Harraga des filles se multiplie de plus en plus les derniers temps, le nombre de victimes a énormément augmenté.
Pour toutes ces raisons, l’association est interpellée par ce phénomène, surtout en ce qui concerne les femmes Harraga. Le projet « Hayat », sa philosophie, ses objectifs et sa stratégie rentrent dans le cadre de travail de l’association et rentre aussi dans les objectifs généraux de la création de l’association.
Q : Qu’espérez-vous à travers ce projet ?
Sensibiliser la société en général, et les jeunes filles en particulier au phénomène de la migration illégale « Harraga » et identifier les véritables causes derrière ce phénomène, par la mise en place d’un dispositif médiatique…
Q : Avez-vous quelque chose à dire à nos citoyennes et citoyens qui prennent ce risque ?
Dire aux jeunes femmes Harraga que la migration illégale peut inévitablement conduire à leur mort et que le renoncement à ce projet peut les aider à récupérer de la confiance en soi, qu’elles peuvent réintégrer la société et reconstruire leur vie à nouveau.
On pourra leur donner un espace pour s’exprimer, pour les aider à dépasser de nombreux problèmes, qu’elles peuvent également être prises en charge psychologiquement, juridiquement et socialement, en les orientant vers des associations qui leur fournissent ce soutien.
Leur dire aussi que la vie est ce que nous avons de plus cher et que leur mort détruira leur famille.
Dire aux citoyens que le problème de la migration illégale (Harraga) est le problème de tous, que ce phénomène n’est pas limité à une certaine catégorie de la société, et qu’il pourrait toucher toutes les familles algériennes.
Que la lutte contre ce phénomène est le travail de chacun
Q : Un dernier mot ?
La persuasion d’une seule personne de ne pas immigrer illégalement peut protéger une famille, la cohésion de la société et une contribution au développement du pays. Nous sommes donc tous concernés.
Il s’agit d’un projet de société à revisiter, la nécessité d’accorder du respect à chaque citoyen et de l’aider à vire dignement dans son pays. Société civile et pouvoir publics doivent se concerter et œuvrer ensemble pour identifier les causes de ce qui ne va pas dans la société et d’envisager des solutions plus adaptés à l’évolution des générations.